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Les mots du Chaperon Noir
8 décembre 2009

Un Boa Rose Bonbon - II

La tête posée sur ses genoux, les yeux fermés, il se laisse aller à une étisie nonchalante, à une torpeur languissante. Elle lui caresse les cheveux, saisit une mèche, la repose, joue un instant avec une autre, effleure le bord de son oreille, fait un long mouvement, lui chatouille la nuque du bout des doigts. Il ne réagit pas. Il sent sa voluptueuse poitrine au-dessus de son visage, il sent sa chaleur humaine et vivante. La moiteur du lit témoigne de la vie qui est en eux deux. Finalement, elle se demande si elle va articuler les mots qui lui brûlent les lèvres depuis de longs instants, qui dansent sur sa langue derrière le rempart de ses dents jaunies par des années de tabagisme intempestif. D'ailleurs, il tend le bras vers son jean gîsant sur le grand lit et en sort un paquet de cigarettes un peu aplati. À l'intérieur, à peines quelques unes restent, partageant l'espace avec un briquet rouge à la peinture écaillée. Il l'allume sans bouger, en ouvrant à peine les yeux, au risque d'allumer les cheveux de la femme, au risque de lui brûler la peau. Elle ouvre la bouche, la referme pour sourire, tandis qu'il prend une première bouffée.
<< Que me vaut la visite d'un enfant comme toi ? >> demande-t-elle enfin.
Il savait qu'elle allait finit par le lui demander. Il savait qu'il serait alors déjà trop tard. Elle allait finir comme les autres.
Il reste silencieux, le temps de finir entièrement sa cigarette. Contrairement aux autres, elle reste silencieuse, elle attend, elle écoute le silence de la ville somnolente avec lui.
<< Je m'ennuie. >> répond-il.
<< Je comprends. >> qu'elle répond. Que comprend-elle réellement.
Il aiguise sa cruauté. Il l'aimait bien pourtant.
Elle continue à lui caresser les cheveux, avec douceur, de manière cyclique.
Il tend le bras, sans bouger, pose sa main le boa rose bonbon. Il lui avait semblé idéal dès le début.
Mais sa main rencontre une autre main, celle de la femme.
<< Tel est pris qui croyait prendre. >> murmure-t-elle.

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